Il y a eu la petite maladie d’octobre, elle fut suivie d’une
grande lassitude. Il y a eu quelques heures de lecture et d’errance avec
patrick modiano (et le doux plaisir de cette heure-là, doux et un peu
douloureux tellement on voudrait l’aider). Il y a eu, à l’automne, des
smoothies à la poire et à la figue, les soupes de potimarron de f. parfois au
gingembre, parfois à la poire ou à la pomme, le chou fleur s’est cuisiné en gratin un poil plus raffiné qu’à la béchamel. Il y a eu peu de films et des
romans dont la lecture s’est arrêtée en cours, plus envie de vide que de mots,
peut-être.
Il y a eu la Bretagne, la vraie, avec les huîtres, les
crêpes, la mer verte, dans sa belle couleur d’hiver, le vent et les amis, qu’on se dit toujours qu’on voit trop peu, ce
qui nous rend un peu triste au moment du départ.
Il y a eu du vent et de la lumière très claire, un doux été
jusqu’au milieu de l’automne, mais aussi des petites bruines qui rendent la
terre boueuse, celle qui s’accroche à la semelle des chaussures. Et il ne faut
pas mettre de boue sur le sol tout neuf de la cabane. Alors, il y a eu une
journée de déménagement de beaucoup de livres du haut (de la maison) vers le
bas (du jardin), pendant laquelle je ne crois pas avoir jamais autant enlevé et
remis mes chaussures (en ne cessant d’admirer la patience d’ange des japonais).
Il y a toujours une toux qui ne veut pas s’en aller, des heures de travail sans
que le téléphone ne sonne, de la place dans le parking le matin, le plaisir,
après le dîner de s’enfoncer dans le canapé, bataillant un bout de plaid avec
émile, pour regarder Olive Kitteridge ou Alison Lockhart, en grignotant
quelques chocolats, car c’est de saison. La tisane s’appelle au clair de lune
même si le temps, souvent, n’est pas du tout assez clair pour qu’on puisse
l’admirer. Noël nous a apporté des heures de musique et de visionnage de films,
des choses très pointues et d’autres plus légères, de quoi être gai et triste,
selon les envies du moment. Maintenant, nous attendons sereinement l’année
nouvelle, comme il est dit ici : « A présent je suis très calme. Il m’est
possible de voir un peu plus loin. Je vois que ce n’est pas la fin. Tout
continue. Depuis ce matin, j’ai la certitude que Bella attend un veau».