lundi 20 juin 2011

les jours de dictée


Je me souviens que je faisais beaucoup de fautes aux dictées, à l’école primaire. Le jour de la dictée, je ne voulais donc pas y aller. Je faisais semblant d’être malade, ce qui ne marchait jamais. Un jour, j’ai sciemment raté le bus scolaire. Ma mère m’a alors conduite en voiture à l’école ; elle qui n’aimait pas conduire dans cette ville où le code de la route ne semble être qu’une option possible parmi beaucoup d’autres choix. J’avais toujours zéro, et si je n’étais pas réellement souffrante, cette épreuve et ces résultats me rendaient malade d’angoisse. Un ami de mon père est alors venu, le soir, me donner des leçons de grammaire et d’orthographe. Ce qui arrangea grandement les choses. C’était un monsieur très gentil. Je me souviens de deux choses. Il me demandait d’écrire le mot jusqu’à la fin et seulement ensuite d’y déposer les accents. J’avais huit ans et je trouvais qu’il outrepassait son rôle. J’étais assez choquée qu’il puisse intervenir sur ma manière d’écrire. Dans ma grande rébellion, je ne lui ai là jamais obéi. Et aujourd’hui, lorsque je mets les accents au fur et à mesure sur les e et a et autres, il m’arrive de penser encore à lui. L’autre chose dont je me souviens, c’est qu’il avait une haleine absolument abominable ! Nous étions assis côte à côte, il se tournait toujours vers moi pour me parler. Alors je gardais obstinément la tête baissée sur ma feuille. Ma mère, de temps en temps, intervenait et, avec un sourire gêné, expliquait combien j’étais timide. Ce qui était hélas très vrai, mais qui en cette circonstance particulière, pour une fois, me servait. Je me souviens aussi que des années plus tard, nous riions, mes parents et moi à cette évocation. Nous pouvions rire, je ne faisais presque plus de fautes et j’avais développer un odorat particulièrement sensible.

2 commentaires:

  1. Pour les dictées, moi j'alignais les zéros avec la plus grande sérénité: j'avais une fois entendu, enfant, que l'orthographe était "la science des ânes" et cette réflexion n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde! Je me souviens du sursaut horrifié de l'institutrice devant ma "phorêt", depuis j'ai toujours envie d'écrire ce mot de cette façon, un jour ça va m'échapper car je le retiens de justesse. Un peu plus tard, toujours la même institutrice, toujours aussi horrifiée, me tendit la carte postale que je lui avais écrite du voyage à Lourdes (c'était une école de religieuses):"à la crotte de Lourdes j'ai prié pour vous"!!!
    J'ai toujours été fâchée avec l'orthographe, pendant longtemps ce n'était qu'une catégorie de mots qui étaient concernée par exemple les doubles lettres et les mots se terminant en "ment" sitôt le dictionnaire refermé j'ai déjà oublié! La grammaire ça allait mais maintenant avec le grand âge voilà que l'accord des participes passés des verbes pronominaux, semblerait vouloir me lâcher, je croyais les tenir d'une main ferme mais non, ils glissent en traîtres et ma main se retrouve en train de pianoter sur le bureau en se disant "ils m'ont lâchée".

    Marine.

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  2. Je dois t'avouer, Marine, qu'il m'arrive aujourd'hui de me servir des correcteurs d'orthographe de l'ordi. pour vérifier des choses bien des fois rabâchées et qui disparaissent de mon esprit au moment de les coucher sur la page blanche.

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