Je me souviens avoir vu une pièce de théâtre et, bien que
connaissant le texte, avoir eu du mal à comprendre cet acteur japonais qui
parlait français. Je me souviens que longtemps après, je me souvenais des
belles chaussures que portait l’actrice. Mais aujourd’hui, je ne sais plus à
quoi elles ressemblaient ! Je me souviens que nous nous sommes aperçus que
cet acteur était une star lorsque des jeunes filles japonaises, en larmes, ont
déposé des fleurs somptueuses à ses pieds à la fin de la représentation et
qu’il trouvait cela tout à fait normal. Je me souviens que j’ai dit à une amie
qui allait voir cette pièce le jour suivant de se munir d’un coussin
confortable pour affronter la durée du spectacle. Mais en fait, je me souviens
de peu de choses de la représentation elle-même. Je me souviens que les
« hors champs » me sont souvent plus présents que les choses
elles-mêmes. Ainsi, je me souviens avoir vu Laurent Terzieff au théâtre, mais de ne pas me souvenir du
tout dans quelle pièce cela pouvait être. J’étais au premier rang et lorsqu’il
s’est écroulé sur scène ; son rôle le voulait, sa main pendait juste
devant moi, il m’aurait suffi d’avancer la mienne pour caresser la sienne. Je
me souviens qu’alors, je n’ai plus pensé qu’à cela, sans le faire, oubliant
tout le reste. Ce fut un peu la même expérience quand, f. et moi toujours au
premier rang, une des danseuses de la troupe s’est mise à courir et sauter
seulement habillée de ses voiles transparents. Son absence totale de sous
vêtements (pourquoi celle-là seule parmi les autres danseuses ?) nous
déconcerta, nous faisant totalement oublier ce que pouvaient bien faire les dix
autres danseurs pendant ce temps ! C’est ainsi, je me souviens des
détails, des à-côtés, des petites choses. Je me souviens très clairement d’un
parfum d’enfance que j’avais retrouvé adulte et fait sentir à ma mère, ça ne
lui disait rien du tout.
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