Tous les matins, je bois le thé dans le même petit bol bleu.
Je me souviens où et quand je l’ai acheté et ainsi, lorsque que j’y prends
garde, je prends le thé avec une pensée pour ce moment particulier et tout ce qui
s’y ramène. C’était plutôt l’hiver, j’allais seule au cinéma en fin
d’après-midi après avoir rendu visite à mon père ; il y avait une boutique
japonaise près du cinéma.
Je me souviens que les objets racontent des histoires. Le
tissu rose à fleurs qui est de chaque voyage d’été, de printemps et qui sert de
nappe de pique-nique, de rideau, de paréo de bord de mer, de drap, d’écharpe …
Dans une maison amie, il y a le même et celle qui y vit me l’a offert, le sien
est allé à Hong-Kong, le mien à Central Park. La bague en pierre de lune qui
s’est cassée à Turin en tombant du rebord de la fenêtre. Chaque fois que je la
glisse à mon doigt, je remercie, je ne sais ni qui ni quoi, peut-être la fêlure
elle-même de nous avoir construit et non séparés en deux morceaux. Elle est
donc devenue la bague des fiançailles. Je me souviens avoir perdu le petit
porte-monnaie vert dans la rue, il y a six ou sept ans et le gilet noir
boutonné devant, oublié dans une chambre d’hôtel … et m’en remettre
difficilement ! Je me souviens d’avoir prêter mon livre à une amie pour
qu’elle découvre ce texte et qu’elle m’a rendu à la place un livre neuf et que
j’ai détesté cela. Je me souviens avoir trouvé par terre, lors d’une soirée
exaltée et un peu fausse, il y a de cela presque dix ans, l’écharpe que je
porte aujourd’hui et que c’était comme si elle m’attendait là pour me ramener à
moi-même. Il y a encore quelques autres objets qui accompagnent ma vie. Mais je
sais de source sûre, que, même grande, on peut avoir des doudous.
Je me
souviens de la bague carrée rouge qui va avec tout.
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