jeudi 24 janvier 2013

les objets nomades

 
Tous les matins, je bois le thé dans le même petit bol bleu. Je me souviens où et quand je l’ai acheté et ainsi, lorsque que j’y prends garde, je prends le thé avec une pensée pour ce moment particulier et tout ce qui s’y ramène. C’était plutôt l’hiver, j’allais seule au cinéma en fin d’après-midi après avoir rendu visite à mon père ; il y avait une boutique japonaise près du cinéma.
Je me souviens que les objets racontent des histoires. Le tissu rose à fleurs qui est de chaque voyage d’été, de printemps et qui sert de nappe de pique-nique, de rideau, de paréo de bord de mer, de drap, d’écharpe … Dans une maison amie, il y a le même et celle qui y vit me l’a offert, le sien est allé à Hong-Kong, le mien à Central Park. La bague en pierre de lune qui s’est cassée à Turin en tombant du rebord de la fenêtre. Chaque fois que je la glisse à mon doigt, je remercie, je ne sais ni qui ni quoi, peut-être la fêlure elle-même de nous avoir construit et non séparés en deux morceaux. Elle est donc devenue la bague des fiançailles. Je me souviens avoir perdu le petit porte-monnaie vert dans la rue, il y a six ou sept ans et le gilet noir boutonné devant, oublié dans une chambre d’hôtel … et m’en remettre difficilement ! Je me souviens d’avoir prêter mon livre à une amie pour qu’elle découvre ce texte et qu’elle m’a rendu à la place un livre neuf et que j’ai détesté cela. Je me souviens avoir trouvé par terre, lors d’une soirée exaltée et un peu fausse, il y a de cela presque dix ans, l’écharpe que je porte aujourd’hui et que c’était comme si elle m’attendait là pour me ramener à moi-même. Il y a encore quelques autres objets qui accompagnent ma vie. Mais je sais de source sûre, que, même grande, on peut avoir des doudous.
Je me souviens de la bague carrée rouge qui va avec tout.

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