lundi 30 mai 2011

solitaire

Je me souviens avoir lu ici "mes repas solitaires étaient d'une simplicité déconcertante."

Et quelques lignes plus haut "plusieurs jours se sont écoulés sans événement particulier. Il ne se passa vraiment rien. Je ne suis allée nulle part. Je n'ai parlé à personne."

Impression de lire ici ma réclusion de deux jours. J'aime quand ça dure deux jours, trois ... ensuite, le monde me rappelle à lui.

vendredi 27 mai 2011

fin de partie



Je me souviens que je n’aime pas jeter mes vêtements, ni aucun autre effet m’appartenant. Cette séparation définitive est un déchirement. La consécration d’un vêtement : devenir pyjama. Ce n’est pas évidemment pour tous et dormir en manteau d’hiver est peu agréable. C’est dommage. Dans la difficulté à se séparer des choses, il y a aussi le fait que je ne peux absolument pas les jeter dans la poubelle. Les penser mélangés aux épluchures et autres coquilles d’œuf du gâteau de la veille (cake à la farine d’avoine et écorce d’orange confite, délicieux) n’est pas supportable. Je les enveloppe dans un sac à part. Une petite cérémonie d’adieu ne me paraîtrait pas superflue, ni enterrer le sac dans le jardin, même si je conçois que tout cela est très exagéré pour un vieux jean que d’autres qualifieraient de pourri et de deux sacs à main troués.
Aujourd’hui, bien que le soleil revienne est une journée un peu endeuillée.

mercredi 25 mai 2011

si loin

Je me souviens vouloir écrire cet haïku de Masaoka Shiki sur une tombe :

Cerisiers en fleur –
Je me souviens d’êtres chers
Tous si loin d’ici

dimanche 22 mai 2011

ça déménage

Je me souviens avoir fait deux déménagements en sept ans. L’été 2003. Le jour où les amis nous ont aidé à vider le camion, il faisait 42° ! Ils s’en souviennent encore. Nous avons vite trouvé un lieu proche du paradis : la galerie marchande de l’hypermarché près de chez nous ! Clim. et coca frais, le summum du luxe !  L’appartement était avec terrasse, ils ont dormi à « la fraîche » qui ne venait pas. Pour le déménagement de l’été 2010, nous avons dû changer d’amis. Ceux-là n’étaient pas libres ! Il ne faisait que 36°, mais nous n’osions pas ouvrir les fenêtres, car c’est une maison et notre chat ne connaissait pas encore les lieux.  François dit "dans dix ans, maintenant". Tout le temps de se faire plein de nouveaux amis.

mardi 17 mai 2011

une mise en plis



Je me souviens avoir fait une mise en plis à ma grand-mère. Ma grand-mère était une vraie grand-mère, c’est-à-dire une vieille dame aux cheveux blancs que les teintures sauvagement faites à la maison avec l’aide de ma mère rendaient parfois bleus ! Elle avait les cheveux courts et ma mère lui faisait donc des mises en plis. J’explique pour les plus jeunes qu’il s’agit, après le shampooing qui rend les cheveux bleus, sur cheveux encore mouillés, de mettre sur la tête de ma grand-mère une ribambelle de petits bigoudis pas du tout en mousse, mais en plastique, remplis de je ne sais quel matériau qui pique la tête, de bien serrer la mèche autour de ce truc infâme et de faire tenir le petit boudin ainsi obtenu avec un pic en plastique qu’on fait presque rentrer dans le crâne. Une fois sec, on retire les bigoudis précautionneusement et restent sur la tête des boucles très serrées et très séparées les unes des autres, on coiffe pour harmoniser le tout et ça fait une jolie coiffure ondulée. Le jour donc où j’ai fait la mise en plis à ma grand-mère, je me suis trompée de sens pour rouler les bigoudis !  Au lieu de rouler vers l’arrière du crâne, j’ai roulé ver l’avant ! Une fois coiffée, ma grand-mère avait donc une banane bleue sur la tête. Après des grands cris et une franche rigolade, ma mère lui a refait un shampooing et à nouveau tout roulé vers l’arrière, cette fois. Mais il est resté quelque temps, sur la tête de ma grand-mère, une ondulation un peu hésitante qui allait assez bien avec le bleu.

Je remercie mon amie Rachida de prêter ici sa magnifique chevelure sakura à ce billet. Je sais qu'elle n'aura jamais les cheveux bleus permanentés, mais qu'ils seront toujours longs, denses et beaux.

dimanche 15 mai 2011

le vernis à ongle

Je me souviens, en période estivale, mais pas seulement, avoir des états d’âme avec le vernis à ongle. J’aime et je n’aime pas le vernis à ongle. Pour les pieds, ça va. Je trouve cela assez joli, lorsque vient le temps où les sandales découvrent les orteils, de les rougir, rosir ou même bleuir (bon, ça j’ai jamais fait, mais sur les autres, je trouve ça bien). Mais pour les mains … c’est très compliqué ! Comment dire, j’ai envie, je m’y risque et je trouve tout de suite que ça fait trop ! Un peu comme lorsque qu’on met des boucles d’oreilles avec aussi un collier. Trop ! (si en plus on porte des lunettes, alors là …). La solution est évidemment l’incolore, le transparent, celui qui fait briller et seulement ça. Mais comment résister à un « rouge noir », « rose chiffon » et autre « champagne »
Donc, à la maison, pas mal de petites bouteilles commencées dans lesquelles le vernis se dessèche attendent l’arrivée de la nouvelle pour lui expliquer la dramatique situation.

vendredi 13 mai 2011

manger des gâteaux


 Je me souviens adorer les éclairs au chocolat (et aussi beaucoup d’autres gâteaux). Je les trouve toujours trop petits, mais n’ose pas en acheter et surtout en manger deux, car mon éducation judéo-chrétienne qui fait que toute la vie s’accompagne d’un sentiment de culpabilité ne le permet pas. J’ai vu, une fois ou deux, des éclairs au chocolat à acheter au mètre (au centimètre, faut pas exagérer non plus), mais j’avais trouvé l’idée un peu vulgaire et le gâteau très moyennement bon. Je crois qu’en plus j’avais dû acheter une quantité à peu près égale à la taille standard !

jeudi 12 mai 2011

apronenia avitia

Je me souviens, après avoir lu sei shonagon et ses notes d'oreiller, avoir aimé lire les tablettes de buis d'apronenia avitia de pascal quignard.
Avoir aimé lire ... tout à fait réducteur. je lis et relis ce livre, l'offre de temps en temps, je suis heureuse de savoir que ces lignes existent et qu'elles peuvent m'accompagner, parfois.
Il dit : elle naquit en 343. Constant gouvernait l’empire. Elle vécut soixante et onze ans… Pendant ses vingt dernières années, elle tient un agenda. Elle note sur des tablettes de buis « … l’épaisseur grenue et lumineuse d’une brume qui s’élève, ou des pêcheurs au loin qui passent sur le Tibre. »

Elle dit :
Joies de l’aurore
L’eau fraîche sur les yeux et dans la gorge

Je mangeais des éperlans et des poires de Naples et je vis Baïes.
Le vent du sud et le parfum des fruits cuits au sucre.
La lune rouge.

Choses à ne pas oublier
Quatre savons bataves.
Deux cents filtres en lin pour les jarres.
Deux cents cuillers à dessert.
Broderies de Babylone.
 

lundi 9 mai 2011

J'ai rêvé new york

Je me souviens avoir été à new york. Des amis, juste avant de partir et sûrement bien attentionnés (merci M et F), nous avaient offert un livre : le manuel de la photo ratée de Thomas Lélu. Et j'avoue que j'aime beaucoup cette photo de la Fameuse. J'en ai d'autres qui sont très bien, très "carte postale" mais mon coeur penche pour celle-là : la bancale, celle dont on se moque, qu'on ne mettra pas dans l'album. Elle va droit à l'essentiel. Bien qu'elle bénéficie d'un hors champ assez important, on voit tout de même le sujet visé. Et lorsque je la montre à des amis, il est très clair qu'ils comprennent immédiatement ce que j'ai voulu faire.

mardi 3 mai 2011

l'image de l'analyse


Je me souviens avoir offert cette image à deux femmes. C'étaient mes deux psychanalystes (l'une après l'autre, je vous rassure ... enfin, je ne sais pas si ça vous rassure !). Et aucune n'a vu, dans cette annonciation italienne du XIè - (XIIIè ?) siècle, le dispositif même de l'analyse. L'une l'a affichée dans son cabinet et m'a dit, un peu étonnée, que les patients voyaient immédiatement de quoi il s'agissait. Comme quoi ! Cela dit, je vais bien et je bénis ces femmes chaque jour.