Je me souviens transporter des photos de famille sur la
banquette arrière de ma voiture. Il y a quelques mois, j’ai déménagé
l’appartement de mes parents. J’ai jeté beaucoup, j’ai peu gardé : une
boîte à bijoux de pacotille et qui fait de la musique ; elle date du temps
de l’enfance et de l’ailleurs, un carnet d’adresses dont beaucoup ne serviront
plus, un vieil appareil photo polaroïd, une boîte à gâteaux remplie de photos. D’autres
photos, grandes, encadrées, ne rentrent pas dans la boîte. Elles étaient aux
murs, c’est ce que j’ai décroché en dernier, je les ai mises à l’arrière de la
voiture et je suis retournée chez moi à neuf cents kilomètres de là. Et elles
sont restées là, sur la banquette arrière. Tous les jours, elles font un court
trajet, avec moi. Il faudrait les désencadrer, les ranger … un jour. Ne pouvoir
ni garder, ni jeter, de la difficulté à être fille unique.