jeudi 23 août 2012

De la rentrée littéraire


Je ne me souviens de rien pour l'instant, car je n'ai encore rien lu de la rentrée littéraire ! Mais irrésistiblement attirée par le titre " Autobiographie des objets " et par son auteur François Bon, je regarde cette courte vidéo et entends cette phrase qui me renverse "regarder les objets, convoquer les fantômes. Ils sont venus."
Dans ma valise des jours de vacances qui approchent, il y aura aussi ça, évidemment. Où, cette fois, il est dit " la vie comme un jeu de l'oie ". Être désarçonné, tomber, remonter.
Partir en vacances.


mardi 14 août 2012

les étés de l'enfance


 
Je me souviens des étés de mon enfance, c’était ratatouille et melon au porto. (Évidemment, je n’avais pas le droit au Porto. Quand j’ai pu y goûter, et bien, je n’aimais pas tellement ça.) On mangeait les restes de ratatouille le lendemain avec des œufs cuits dedans. Je faisais de longues siestes (toujours pas compris la sieste courte !) sous l’édredon à plumes de ma grand-mère (oui, en Bretagne, on fait des siestes sous des édredons !). On pique-niquait au bord de la mer le soir après avoir bu l’apéritif à l’Abri côtier. Parfois, il fallait mettre un petit gilet à manches, en coton, sur le maillot, pour ne pas avoir froid. On mangeait des tomates en croquant dedans, ça pouvait couler jusqu’au coude, et du pâté Hénaff qui n’était pas du tout à la mode (trouvé il y a quatre ans à New York à un prix tout à fait prohibitif dans une épicerie fine chiquissime !). J’avais le droit d’aller à la papeterie toute seule. Il n’y avait que la rue à traverser. J’achetais déjà des cahiers, des carnets (j’avais sept ans, huit ans … ) dans lesquels je collais des images, des décalcomanies … L’odeur me serrait un peu le ventre, car tout ce papier neuf, c’était aussi bientôt l’école, la rentrée, mais je ne pouvais quand même pas y résister et je passais l’été à remplir mes carnets une fois l’heure du cahier de vacances faite. Je me souviens aussi de l’odeur du tube de colle. J’essayais de le faire tenir en équilibre sur son bouchon cranté au bout arrondi, la tête un peu relevée pour ne pas que ça coule trop. Je préférais, bien sûr, l’odeur de la colle dans le petit pot avec la spatule, mais ça faisait des gros pâtés sous l’image, le résultat était moins beau. Je lisais les livres de la bibliothèque rose, surtout le club des cinq, les aventures de Claude, Annie, François, Michel et le chien Dagobert. Les escaliers de l’immeuble pour monter au premier étage où habitait ma grand-mère étaient cirés. C’était glissant et odorant. Je me souviens de la grosse boîte de cire, ronde, jaune, en fer avec un couvercle qui s’emboîte. Il fallait un couteau pour l’ouvrir ; avec les ongles, on n’y arrivait pas. Aller chercher le courrier en chaussettes était une expédition dangereuse. Le jeu était de descendre et monter le plus vite possible sans tomber, mais aussi glisser, se rattraper avec le coeur qui fait un bond dans la poitrine. Parfois, il y avait une lettre de mon père que ma mère lisait à haute voix.

vendredi 10 août 2012

des films, des images

 
Je me souviens de films et d’images :
Dans Stranger than paradise, Éva et Willie mangent face à face, un bibelot kitchissime et incongru posé sur la table, entre eux deux.
Dans India Song, les trois corps, Anne-Marie Stretter  et ses deux amants, allongés à même le sol de la maison, côte à côte, ils ne se touchent pas.
Dans Les nuits de la pleine lune, dans un bar « anonyme », Octave sort un carnet bleu à spirale de sa poche et prend des notes pendant que Louise descend aux toilettes, une pochette jaune rayée de noir, façon tigre, à la main.
Dans Still walking, la mère, après le bain du soir, va étendre sa serviette de toilette sur un fil à linge, dehors.
Dans la Piscine, Jean-Paul et Harry prennent un petit déjeuner au bord de la piscine, Harry est affamé, Jean-Paul non, je ne sais plus s’il boit même un café
Dans petits arrangements avec les morts, Zaza demande toujours l’heure qu’il est. On ne sait pas très bien si c’est pour ne pas rater le poissonnier et les langoustines du repas du soir ou pour prendre une petite pilule qui rend la vie plus belle. Sa sœur et ses frères se demandent pourquoi elle n’a pas de montre.
Dans Brodeuses, j’aime toutes les images. Claire prépare quelques broderies qu’elle a réalisées pour les montrer à Madame Melikian, elle les dépose d’une main sûre à plat sur un papier de soie blanc, elle hésite pour la dernière, celle avec la fourrure de lapin, et finalement, oui … le bruit du papier qu’elle replie.

Dans trois de ces films, le même geste de femme de lisser un tissu du plat de la main d’un geste bref, pour enlever un pli parfois imaginaire.