Je me souviens de la semaine passée. Et donc je sais qu’aux
concerts de musique contemporaine, les hommes d’un certain âge et les très
jeunes filles portent des pulls tricotés main, mais qu’ils ne sont pas de la
même couleur. Je me souviens que cette semaine dernière, j’ai particulièrement
été attentive aux jeunes filles, car lundi, j’ai vu Camille redouble et ensuite
j’y ai pensé chaque jour de la semaine. Ce film m’a accompagnée en légèreté et
en profondeur, en sourire et en tourment, toute la semaine, et peut-être
n’est-ce pas fini. J’ai donc beaucoup réfléchi à ce qu’est l’acceptation, de
soi, de sa vie, comme seul possible sinon de bonheur, au moins d’apaisement. Je
me souviens donc que je n’ai jamais assez dit à ma mère que je l’aimais.
Je me souviens avoir entendu dans le métro une jeune fille
de quinze ans environ dire à une amie du même âge, avec un sourire et une voix
tristes : dans la vie, il n’y a que les garçons qui m’intéressent, tout le
reste me fait chier.
Je me souviens qu’à ce concert de musique contemporaine,
j’étais assise juste derrière une jeune femme blonde, jolie, au rouge à lèvres
très rouge, et beaucoup trop grande ! Je me souviens avoir fait du thé
oolong dans la petite théière chinoise, en terre cuite que l’on renverse
complètement en appui sur le bol, la laissant se vider totalement. Je me
souviens avoir acheté deux billets d’avion, un prévu de longue date pour aller
écouter de la musique à Amsterdam, au mois de janvier. Un autre pour un court
voyage à Paris qui n’était pas du tout prévu. Je me souviens avoir revu
Interiors et donc me poser beaucoup de questions sur ma manie de replacer
chaque objet dans ce que je pense être sa place exacte, pour être en harmonie
et rangé, geste que f. ponctue à chaque fois d’un « elle est folle »
avant de me prédire une vieillesse de mégère maniaque … je me dis aussi avoir
échappé à la cruauté de la fratrie (comment dit-on lorsqu’il s’agit de trois
sœurs ?), car cette femme avisée à qui je n’ai pas assez dit que je
l’aimais, n’a fait que moi.
Je me
souviens que juste après mon saut du puce parisien, j’irai en Bretagne.