Je me souviens, j’ai dix ans. Dans mon école, il y a deux
filles amies entre elles, je les admire toutes les deux. Une blonde, une
brune, elles ont toutes les deux de magnifiques cheveux longs, un peu ondulés
pour la petite fille blonde, très lisses et brillants pour la petite fille
brune dont la mère est vietnamienne (je la vois à la sortie de l’école). Elles
me semblent toutes les deux très heureuses, très à l’aise …
La blonde aux cheveux ondulés habite mon quartier, on se
croise de temps en temps chez le marchand de pain (on ne peut pas appeler ça
une boulangerie, je vous raconterai une autre fois), je lui souris, mais elle
ne me reconnaît pas, je pense même qu’elle ne me voit pas. Du haut de mes dix
ans, son absence de regard sur moi me renvoie à mon insignifiance.
Pour la kermesse de fin d’année (à laquelle, année après
année, je refusais obstinément de participer), elles ont chanté en duo une chanson de Johnny et Sylvie (ça aurait dû calmer mon admiration !). Elles
avaient l’air de beaucoup s’amuser, le public riait. Elles avaient inventé une
chorégraphie. Je regardais. Ca faisait plutôt mal.
L’année
d’après, Dominique est arrivée dans ma classe, une grande fille longue, fine, métisse.
Nous sommes devenues les meilleures amies du monde. Elle avait deux grandes
sœurs très belles qui m’aimaient bien. Finalement, tout allait bien, mais pas au
point de participer à la kermesse, tout de même.
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