Je regarde les photos de l’année dernière, f. dans son costume
de lin gris, m. et ses chaussures dorées qui brillent, les boutons de la
chemise de b. sont tremblés et ressemblent à des fermetures chinoises. C’était
le soir de l’opéra en Italie, nous étions comblés d’émotion (nous nous étions
avoués f. et moi, plus tard, que nous avions un peu pleuré), il faisait doux,
nous avions dîné dehors.
Il y a peu, j’écrivais : « maintenant, nous
attendons sereinement l’année nouvelle. »
Puis, le ciel nous est tombé sur la tête. Nous avons été
emportés par une violence qui nous atteint au plus profond. Que faire de ce
monde violent et désenchanté qui nous est proposé ? Celui qui déteste
l’autre pour ce qu’il est, pour ce qu’il pense. Et qui, au delà de la
détestation, veut son éradication.
Je regarde des images sur le net, je vois des femmes en
cage, dans de longs vêtements blancs, vendues comme esclaves pour trente euros,
sur une place de marché, je lis les mille coups de fouet pour punition d’avoir
écrit, je lis l’horreur d’une fillette qu’on envoie sur un marché, les vêtements
remplis d’explosifs, je lis des villages entiers détruits, les habitants morts
assassinés.
Je marche avec les autres, tous les autres et je m’enferme
dans ma cabane. Je clos la porte, ferme les rideaux. Je tente de retrouver le
sens de l’orientation.
Ce soir là, nous avons bu, pour avoir la sensation du chaud,
de la brûlure intérieure qui dit qu’on est vivant.
Aujourd’hui, j’irai acheter des fruits, des légumes, du
vin ; ce soir, je ferai une soupe. C’est dérisoire d’écrire tout cela,
mais je me dis que c’est ce que voudraient faire ces femmes encagées, ce
blogueur flagellé, ce qu’aurait aimé faire un jour cette fillette assassinée. Etre
debout et faire simplement ce qu’on a à faire, le faire pour tous ceux qui sont
empêchés.
Alors continuer à prendre des photos du chat, de l’amoureux,
continuer à lire, à faire le thé, continuer à être vivant pour ceux qui le sont
à peine.
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