samedi 10 mars 2012

de l'évanouissement


Je me souviens m’être évanouie deux fois. La première fois, d’une douleur survenue quelques secondes avant le moment où je l’attendais. L’infirmière avait dit « on compte jusqu’à trois », mais elle a retiré vivement le drain à deux. Le saisissement de l’intensité de cette douleur et surtout, l’étonnement qu’elle soit là avant … je perds connaissance quelques secondes. Un médecin m’expliquera, des années plus tard, que mon mal de dos chronique vient de là, de cette surprise-là, qui fera que vingt ans durant, je tiendrai mon corps dans un geste de protection de ce lieu trahi et douloureux.
La deuxième fois, c’est au moment où je découvre que je viens d’être piquée par une cinquantaine de minuscules moustiques (je suis allergique !) qui se déplaçait en nuage rapide et invisible. Je regarde mes pieds, mes chevilles et en même temps que je vois la myriade de points rouges, une démangeaison incroyable me submerge, je suis au centre d’une vingtaine de personnes que je ne connais pas (nous sommes réunis pour trois jours de séminaire chiquissime !) Je m’écroule. Ca a duré quelques secondes. Je me suis effondrée sur les pieds d’un écrivain célèbre et aussi au milieu de la baie vitrée que tout le monde essayait de fermer pour que les moustiques n'entrent pas. Pour les trois jours de séminaire, j’ai des pattes d’éléphant et ne rentre dans aucune paire de chaussures ! Tout le monde prend de mes nouvelles, gentiment ; je suis désespérée de honte.
De l’évanouissement comme réponse à l’inconcevable de son propre corps.

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